Les consuls-antiquaires

 


Après la campagne napoléonienne, pour obtenir le droit de fouiller, nul n'était mieux placé que les consuls en poste à Alexandrie. Usant de leur influence auprès du vice-roi, ils pouvaient mandater un agent qui se rendait sur place, embauchait des ouvriers et raflait tout ce qu'il trouvait, avec une préférence pour les pièces volumineuses. Les plus connus de ces consuls-antiquaires furent le Français Bernardin Drovetti (1776-1852) et l'Anglais Henry Salt (1780-1827), qui se piquaient tous deux d'égyptologie. Leurs collections auront permis de créer plusieurs grands musées occidentaux.

Originaire du Piémont, Bernardin Drovetti rejoint Bonaparte pendant la campagne d'Italie. Il sera successivement vice-consul, puis consul de France sous le premier Empire, et ensuite sous la Restauration.

Son principal agent sur les champs de fouilles est un Français Jean-Jacques Rifaud, qui a contracté le virus pharaonique en fabriquant des meubles de style « retour d'Egypte » dans un atelier parisien. On le voit sur les champs de fouilles, armé d'un fouet, invectiver les ouvriers en provençal. Sans scrupule, il fait scier des bas-reliefs, arrache des pièces à coups d'explosif ou grave son nom sur de grandes statues.

Le consulat général de France ressemble à la caverne d'Ali Baba. Les Arabes assiègent sans cesse le kan où habite Drovetti : chacun apporte des momies, des bronzes, des monnaies et parfois des camées...

La première collection de Drovetti, jugée trop chère par Louis XVIII, est acquise par le roi de Piémont-Sardaigne : plus de mille pièces, dont les statues géantes d'Aménophis Ier, de Ramsès II qui se trouvent depuis au musée de Turin. Sur l'insistance de Champollion, Charles X achètera la deuxième drovettiana, qui servira de base au futur Musée égyptien du Louvre. Mais c'est au roi de Prusse qui le consul-antiquaire vendra le dernier lot...

Robert Solé


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