Mumkin

 

Entre 2011 et 2017, Bieke Depoorter, membre de l’agence Magnum Photo, a photographié de nuit des familles égyptiennes dans leurs intérieurs. Son livre Mumkin – Est-ce possible ? réunit des voix de toute la société autour des images. Elle nous raconte l’histoire de ce projet participatif.

En 2011, avec trois autres photographes belges, elle reçoit la proposition de photographier au Caire, en marge de la révolution. Sans idée de départ, elle découvre la capitale égyptienne et s’aperçoit que la vie privée y est très protégée. Elle est volontiers conviée à boire le thé dans le premier salon des maisons, mais l’entrée des autres pièces lui est défendu. La télévision diffuse des annonces officielles incitant à la suspicion envers les étrangers, désignés comme des espions.



La méfiance régnait partout, la possibilité même de photographier semblait compromise. J’ai alors pensé que si je souhaitais une dernière fois photographier de cette manière, en passant chaque nuit de maison en maison, c’est ici je devais le faire, justement parce que cela semblait si difficile. J’ai essayé de faire l’impossible, et ce projet a dépassé le cadre de la commande pour devenir un projet personnel et s’étendre à toute l’Égypte. Finalement je suis retournée huit fois en Égypte, entre 2011 et 2017.

 

Accompagnée d’une amie interprète, elle séjourne dans différents quartiers de la capitale avant de gagner le nord de l’Égypte et de suivre le cours du Nil, jusqu’à Louxor et Assouan. Elle marque des étapes dans des petits villages du Fayoum, et s’arrête dans des lieux importants au regard de l’histoire récente du pays, comme al-Mahalla, un des épicentres de la Révolution, ou encore al-Minya, où vit une importante communauté chrétienne, mise en péril.



 Traduction des inscriptions en arabe
« Mon père s’assied toujours comme ça. »
« Papa dit : cet homme est fauché. »
« Comment a-t-il pu laisser photographier sa femme ainsi ? »
« Cette photo n’est pas correcte parce qu’elle a été prise pendant que la femme dormait. »
« Si l’homme de la maison n’est pas là et que les visiteurs se présentent, ils ne sont pas autorisés à entrer. »
« Dans notre culture, quand quelqu’un vient nous rendre visite, il doit attendre pour nous laisser le temps d’être présentables. »
« Là, c’est une ou deux photos ? »
« Si le père et la mère se disputent, ça touche les enfants. »
« C’est la photo la plus forte. »
« Elle est triste parce que papa a pris la télécommande. »
« Beaucoup de choses nous manquent, nous préoccupent. Mais on se contente de dire : Remettons nous-en à Dieu. »
« Très bien. »




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