L'Union Générale des Travailleurs Tunisiens

 

L'arrestation le 2 février 2023 d'Anis Kaabi, secrétaire général de la branche autoroutière de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) est révélatrice du bras de fer engagé par le président Kaïs Saïed contre ce contre-pouvoir en Tunisie.

Le 4 mars dernier, 3 000 manifestants défilaient dans les rues de Tunis à l’appel de l’Union générale tunisienne du travail, l’UGTT. La plus grande centrale du pays a mobilisé ses troupes pour protester notamment contre l’arrestation jugée arbitraire d’Anis Kaabi, syndicaliste du secteur des autoroutes, après celle d’opposants politiques, de journalistes ou d’hommes d’affaires.

Dans sa reprise en main du pouvoir, le président Kaïs Saïed semble s’attaquer avec méthode à tous les acteurs de la société civile. Il a désormais dans son viseur l’un des derniers contre-pouvoirs : les syndicats, au premier rang desquels figure l’UGTT. La centrale occupe en effet une place à part dans le monde des corps intermédiaires : forte de ses 800 000 membres et d’une histoire prestigieuse, la centrale a contribué à forger 60 ans de vie politique tunisienne. De l’indépendance à la Révolution de Jasmin, de son prix Nobel à son rôle central dans le dialogue national qui a sauvé le pays de la guerre civile, l’UGTT est à la fois un lieu de débat démocratique, de constitution d’une culture militante, mais aussi un mastodonte bureaucratique bien implanté dans le jeu institutionnel tunisien qui a longtemps entretenu une relation de proximité avec le pouvoir politique.

À l’UGTT, un courant reste particulièrement puissant : celui des nationalistes arabes. Deux éléments les caractérisent : leur faible croyance dans le système démocratique au nom de l'unité des peuples arabes et de l'anti-impérialisme et une haine viscérale pour les islamistes. En 2021, le bureau exécutif de l’UGTT a ainsi été un soutien puissant au coup d’État de Kaïs Saïed vu comme un rempart au parti islamiste Ennahda. Aujourd’hui, on observe simplement, sur fond de crise économique, le retournement traditionnel d’un dictateur contre ses anciens soutiens” analyse Choukri Hmed.

On me demande souvent quelles causes ont permis l’avènement et l’aboutissement de la révolution en Tunisie. L’un des ingrédients de cette exception dans le monde arabe, c'est un syndicat qui n’est pas complètement aux ordres” conclut le chercheur.





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