Mahmoud Messadi

 

Né le 28 janvier 1911 à Tazarka et décédé le 16 décembre 2004, est un écrivain. Il est souvent considéré comme l’un des grands auteurs de la littérature arabe contemporaine.

Mahmoud Messadi effectue des études de langue arabe et de lettres françaises à la Sorbonne de 1933 à 1936. En 1947, il obtient une agrégation en langue, littérature et civilisation arabes.

Dans «Haddathâ Abou Houraïrata qâl» (Ainsi parlait Abou Houraïra), récit philosophique en 22 discours, il dresse le portrait d’Abu Huraira en «défroqué, amateur de lupanars, de cérémonies païennes et érotiques.


Ainsi parlait Abou Houraïra

...Soudain à une certaine distance devant moi cinquante à soixante flambeaux s'allumèrent dans la nuit, en une seule ligne ; ils étaient portées par de jeunes femmes. Vingt environ d'entre elles s'avancèrent, le visage pâle et frissonnant comme devant la mort mais éclairé par un faible sourire, puis s'arrêtèrent : deux parmi elles quittèrent le rang et s'avancèrent vers quelque chose, qui était en fait un tas de bois préparé à l'avance, et y mirent le feu. Immédiatement après elles commencèrent à tourner autour du feu en une espèce de ronde rituelle exactement comme nous le faisons autour de la Kaâba au cours du pélerinage. Et lorsque le feu flamboya en grésillant, elles se lancèrent dans la danse comme emportées par le cours impétueux de quelque torrent. Leurs mouvements s'accordaient à ceux des flammes dont elles n'émergeaient un instant que pour y retourner aussitôt, plus rougeoyantes encore que ces flammes elles-mêmes. En vain cherchais-je à contempler leur poitrine nue, leurs seins refusaient de s'immobiliser sous mon regard tandis que leurs mains ne s'éloignaient guère du brasier. Je finis par ne voir dans ce feu aux langues flamboyantes qu'un mâle assoiffé d'amour. A ce moment Rayhana poussa un cri, je me tournai vers elle : elle s'agitait comme en proie à une violente fièvre, mais Abou Houraïra la maintint fermement. «Etouffe ce feu qui brûle en toi sinon c'est toi que j'étoufferai », ordonna-t-il. Puis ils s'élancèrent vers les deux danseuses et je restai à les contempler, évoluant ensemble, le corps bien détaché sur fond d'embrasement.

Le chant reprit, toujours le même : « Asaf et Naïla, soufflez sur mes braises ! »

Asaf et Naïla sont deux figures de la mythologie arabe préislamique symbolisant l'amour profanateur. Il s'agit d'après la légende d'un homme et d'une femme qui, pour avoir forniqué dans l'enceinte sacrée de la Kaâba, furent changés en statue.


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