Chafia Rochdi


 De son vrai nom Zakia Marakchi, elle voit le jour à Sfax en 1910 au sein d’une famille composée d’un père marocain et d’une mère libyenne. Orpheline, c’est bien l’adversité qui lui apprend à résister à la vie et à se battre pour son rêve. Après une brève collaboration artistique avec Mohamed Chabchoub, son ambition démesurée lui fait quitter Sfax pour aller à la capitale en 1930 pour prendre contact avec Bechir Methani, le fondateur de l’association du théâtre de l’avenir. Cette rencontre lui permettra de faire partie de plusieurs productions comme «  Salah Eddine El Ayoubi» et « Majnoun Layla»  ou encore des adaptations d’Hamlet, d'Otello.

Chafia Rochdi était tel une tempête, rien ne pouvait arrêter son ascension. C’est ainsi que cette élève du grand pianiste Hedi Chanoufi forme sa propre troupe menée par le maestro Mohamed Triki, avec des noms que l’on cite jusqu’à nos jours avec un respect solennel : Salah Mehdi, Youssef Kanouna, Gaddour Srarfi, Khmaies Tarnen ou encore Ali Sriti et l’icône de sa génération Hédi Jouini.

Le succès de Chafia Rochdi était tel qu’elle avait chanté devant le Bey, et qu’elle attirait des centaines de spectateurs à chaque apparition. Aussi, ce fut l’une des artistes les plus influentes de son temps puisqu’elle a donné une représentation hebdomadaire à la Rachidiya depuis sa création et que son salon culturel était fréquenté par les plus grands poètes, compositeurs et penseurs de l’époque notamment la fameuse bande de « ta7t el sour » qu’elle a rejoint.

Cette collision entre deux mondes a eu un impact majeur sur les convictions de la chanteuse. En se rapprochant des « tat7t el sour » , Chafia Rochdi découvre les valeurs de liberté, de patriotisme et de dignité dans le cadre d’une Tunisie brisée par le colonisateur français. Cette métamorphose se fera ressentir dans son répertoire mais aussi dans sa vie. Révoltée et révolutionnaire, Chafia Rochdi est notamment la première femme ayant été au volant de sa voiture dans une société encore conservatrice et patriarcale.

Elle s’éteindra le 21 juillet 1989 pour laisser un répertoire riche de plus d’une centaine de chansons et des oeuvres caritatives qui reflètent sa richesse humaine en tant que femme tunisienne.




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