Conte de Corée

 


Le lièvre et le tigre sot

Un lièvre se trouva pris par un tigre, mais il eut la présence d'esprit de lui dire :

  • Plutôt que de me manger, moi qui suis si maigre, savez-vous que vous pouvez attraper des poissons avec votre queue.

  • Ah ! Attraper des poissons... Avec ma queue ?

  • Bien sûr, laissez tremper votre queue dans l'eau et fermez les yeux. Je vais un peu en amont afin de rabattre les poissons jusqu'ici. Surtout ne bougez pas avant que je ne vous fasse un signal.. Entre temps des tas de poissons s'attacheront à votre queue.

Le tigre se conforme aux indications du lièvre, seulement c'était un hiver glacial.

Aucun signal ne vient du lièvre. Le tigre attend, attend. La nuit tombe. Le froid augmente. Le tigre essaie de bouger, sent que son corps s'alourdit. Ignorant que sa queue est gelée, il est joyeux au contraire, car il s'imagine qu'il a accroché un gros tas de poissons. Il attend encore, afin que davantage de poissons s'y accrochent encore.

  • Maintenant je tire ma queue !

Il tire de toutes ses forces. La queue est prise par les glaces et ne bouge pas.

  • Hélas ! Cette fois encore, je me suis fait berné par ce salaud de lièvre !

Le tigre comprend un peu tard son erreur. Le lièvre était déjà bien loin. Ce fut leur dernière rencontre.


Il est curieux de constater la ressemblance avec cette scène du Roman de Renart, alors que ces deux deux cultures ne se connaissaient pas à cette époque. La seule différence, c'est que le tigre prend la place du loup dans le rôle du sot.


Tapi sous un buisson voisin, la tête entre les pieds, Renard ne quitte pas de l’œil son compère qui, posé sur le bord du trou, la queue plongeant en partie, attend le poisson. Or, comme le froid est extrême, l’eau ne tarde pas à se figer, puis à se transformer en glace qui serre fortement la queue d’Ysengrin. Se sentant tiraillé, il croit que le seau s’alourdit parce que le poisson y arrive en quantité et il se réjouit.

– Tant de poisson en si peu de temps ! songe- t-il, Renard avait raison de m’annoncer une pêche miraculeuse.

Toutefois, incommodé par ce qu’il croit le poids du seau, il se décide à regagner le bord de l’étang. Mais la glace a pris de la consistance, le trou s’est fermé, serrant la queue d’Ysengrin, qui ne peut plus bouger. Il s’agite, se démène, tire en avant, puis à droite, puis à gauche. Vains efforts, la glace ne cède point.

À la fin, il se décide à appeler Renard.

– Je suis fatigué et j’ai froid, dit-il, je voudrais bien sortir, mais il y a tant de poisson dans le seau que je ne peux la soulever. Venez donc à mon aide, beau neveu.

Renard qui faisait semblant de dormir, relève la tête et, avec un feint étonnement :

– Quoi ! mon oncle, vous êtes encore là ! Le jour va poindre, hâtez-vous donc de fuir.
– Mais je te dis que le seau est trop lourd et que je ne peux bouger.
– Ah ! fait Renard sur un ton de gronderie paternelle, vous en avez voulu trop prendre. Le sage a bien raison de dire : « Qui trop désire, tout perd. »



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