Théâtre de Pak Cho-yôl
COMMANDANT – Bon, capitaine, combien d'hommes avez-vous perdus hier, pendant la reconnaissance ?
CAPITAINE – Cinq tués et onze blessés, mon commandant.
COMMANDANT – Hum. Soldat O Chang-gun.
O CHANG-GUN – Oui, mon commandant !
COMMANDANT – Est-ce que vous n'avez pas honte de me masser chaque jour les épaules pendant que les hommes se font tuer et blesser sur le front ?
O CHANG-GUN – Oui, Excellence. Mais tant qu'je sais pas comment tenir un fusil, c'est mieux d'être ailleurs et de masser les épaules. La seule pensée de tirer me fait bondir le cœur. Même au camp, quand on nous apprenait à nous servir d'un fusil, les instructeurs et leurs assistants me disaient toujours : « Eh, toi, triple idiot, tu gâches les balles ! »
COMMANDANT – Capitaine, emmenez cet homme à l'unité de reconnaissance et faites-en un soldat. Je ne suis pas content d'être massé par un soldat qui n'a jamais été sur le front à l'épreuve du feu.
O CHANG-GUN – (étouffant ses larmes) Au revoir, Excellence. (il va pour sortir)
COMMANDANT – Soldat O Chang-gun ! Tu oublies de saluer.
O Chang-gun se retourne pour saluer maladroitement et sort.
COMMANDANT – C'est l'unique soldat qui m'ait rendu sentimental. Moi qui envoie des dizaines de milliers de soldats se faire tuer ou blesser... J'aurais dû le garder plus longtemps pour masser mes épaules.
LES ONGLES DE PIED DE O CHANG-GUN
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