Yi Cheha
Yi Cheha est né en 1937 à Miryang dans le Gyeongsangnam-do. Il a étudié les beaux-arts et la sculpture à l'université Hongik. Il est notamment influencé par des écrivains comme Faulkner ou Camus, et se situe proche de courants proches comme l'expressionnisme et le surréalisme. Il a également enseigné l'écriture créative à l'université Myongji. Il a fait ses débuts dans le monde littéraire en 1961 avec la publication de son roman Les mains (Son).
Les préparatifs achevés, le boucher se plaça au milieu du terrain, au milieu de la foule. On poussa le bœuf vers le centre du cercle, on enroula ses cornes plusieurs fois avec un tissu. Trois ou quatre costauds, torse nu, se proposèrent pour saisir les pattes de l'animal, faut de poteaux auxquels il aurait fallu l'attacher. On apporta une grande hache qui fut placée dans la main du boucher. Nous retînmes notre respiration.
Je ne sais quelle différence il y a entre l'acte de tuer seul la bête, dans l'obscurité, et l'acte de la frapper avec une hache, en plein jour, au milieu de la foule. Je me dis en moi-même que cette méthode était démodée, archaïque... Je m'écriai que ça n'allait pas, que c'était inadmissible... Mais je ne pus m'empêcher d'admirer l'exactitude de ses mouvements. La hache s'enfonça juste au sommet de la tête. Un coup... un autre coup. Le tueur habile ne frappe jamais le second coup. C'est le tueur en nous, depuis la naissance, qui crie, qui ordonne cela. Les spectateurs, impatients, insultèrent l'animal qui ne voulait pas se laisser docilement abattre. Enfin le bœuf tomba tranquillement à genoux, puis s'effondra dans une mare de sang qui se figeait. Il releva aussitôt lentement la tête en tordant sa gueule grande ouverte, regarda je ne sais quel ciel, éperdu. Nous avalâmes notre amertume comme s'il n'y avait que cela à faire.
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