Théâtre coréen
Un garçon du Coté et une fille de l'Autre Coté s'aiment et veulent se marier malgré l'hostilité générale. Ils vont voir le rédacteur en chef du grand journal pour qu'il les aide.
LE FILS – Nous allons nous marier dans trois jours à l'Hôtel de ville. Pouvez-vous mettre un article dans votre journal ?
REDACTEUR – Ce qui compte avant tout, c'est l'opinion publique. Et l'opinion publique n'est pas autre chose que la pensée du plus grand nombre. Comme ce mariage est tout à fait en dehors des normes, cette histoire surprendra certainement tout le monde. En plus, au moment où les tensions entre les deux côtés croissent plus qu'elles ne décroissent, ce mariage ne choquera pas seulement les gens, il les inquiètera et j'ai bien peur que ça puisse diviser l'opinion. Désolé, mais je dois considérer que je ne sais rien de ce mariage.
LE FILS – Vous avez fait chaque année un gros titre sur le défilé militaire de la ville. Chaque année vous avez publié le slogan : « N'oubliez pas que vous avez un ennemi » en première page.
REDACTEUR – Et alors ?
LE FILS – Et vous n'allez même pas écrire une ligne sur notre mariage !
REDACTEUR – Ecoutez jeune homme. Dans un journal, la taille des titres est proportionnelle à l'intérêt de l'opinion publique. Le défilé militaire, on l'a mis en gros titre parce que ça concerne l'opinion, mais votre mariage ne peut pas être mentionné parce qu'il ne correspond pas à la tendance générale. Combien de fois dois-je vous le répéter !
LE FILS – Mais c'est vous qui faites l'opinion publique ! Et je pensais que vous respectiez toutes les opinions.
REDACTEUR – Je suis toujours impartial, mais qui lirait un journal qui va contre l'opinion publique ? Personne ! Et personne d'ailleurs ne voudrait y insérer ses publicités. En fin de compte, le journal ferait faillite. (tendant la main pour dire au revoir) Ne me dérangez plus. Si vous voulez créer un nouveau courant d'opinion, vous feriez mieux d'aller voir un riche mécène.
LA BICYCLETTE de O T'ae-sôk
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