Martín Solares

N'envoyez pas de fleurs. Ce roman vient de paraître en France, dans une traduction de Christilla Vasserot. C'est un roman noir dans la tradition de Dashiell Hammet, mais avec une noirceur encore plus accentuée...
Une ville en perdition dont la population est soumise à la violence sans frein des gangs, publics et privés. Ici, dans le Mexique contemporain, trois groupes de narcotrafiquants se disputent le territoire de La Eternidad, une cité portuaire (imaginaire) donnant sur l'Atlantique, idéalement située pour le trafic de drogue. Les pouvoirs publics (municipalité, police, armée) y sont immergés, complices et acteurs de ce sanglant chaos.

Je propose que nous transformions un peu le propos de cette émission. Au lieu de parler des mots qu'on entend le plus dans cette ville, ne serait-il pas intéressant de signaler les mots qu'on y n'entend plus du tout. Le mot éthique, le mot justice. J'ai l'impression que nous les perdons de vue, comme ces barques qui l'on détache et qui s'éloignent de la côte.

L'homme qui parlait dans le poste n'avait pas tort sur un point : quand Margarito était petit, il suffisait qu'un policier, même mal habillé, entre dans son quartier pour que tout le monde soit sur ses gardes, comme si un lion venait de faire irruption. A l'époque, il ne fallait pas plus d'un policier, un seul, pour aller arrêter un homme : ce dernier comprenait immédiatement que tout était fini pour lui, qu'il allait devoir se plier à une volonté plus puissante que la sienne. Sauf qu'après, en grandissant, à force d'entendre des motivations réelles des policiers quand ils allaient rendre visite à quelqu'un, on finissait par comprendre que, dans ce pays, comme dans bien d'autres, la police et la justice ne vont pas toujours de pair : elles se voient et se reconnaissent de loin, mais chacune fait sa vie indépendamment de l'autre.



Un patron de café : Je me demande bien pourquoi je souris... Tu m'excuseras, mais on n'a pas encore inventé d'expression du visage pour l'horreur qu'on est en train de vivre. Les séquestrations, les exécutions, les décapitations, les fusillades, les enlèvements minute... Tout ça, c'est nouveau pour nous, pour ceux qui aimeraient bien partir ailleurs mais qui peuvent pas, qui ont vu la mort de près, qui s'obstinent à rester, ceux qui travaillent ici, ceux qui vivent ici.

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