Copi


Cachafaz, ça veut dire « canaille ». Cachafaz vit avec sa « copine » Raulito dans la misère au Conventillo dans le quartier des abattoirs de Montevideo. Vivent avec eux dans de minuscules cellules, de multiples familles. On est là dans le monde des bas-fonds de Gorki dont Jean Renoir, avec la complicité de Gabin et Jouvet, nous a lui aussi offert une merveilleuse illustration.
Un jour, Cachafaz tue le policier qui est venu l’arrêter pour une misérable histoire de saucisse volée. Après avoir fait un calcul savant sur combien de viande cela ferait par enfant sur combien de jours, la petite communauté décide plutôt que d’enterrer le corps, de le manger. Elle fait subir ensuite le même sort à de nombreux autres policiers.
Les diables viennent alors tourmenter les habitants du Conventillo. Ceux-ci délibèrent et décident de se rendre en enfer tous ensemble volontairement, la vie là-bas ne pouvant être pire que celle qu’ils vivent présentement. Satan, choqué, les en empêche car il est interdit d’aller en enfer de son plein gré.
Voilà le début de la pièce qu’avait écrite – ainsi que bien d’autres – Copi, dont nous regrettons depuis 1987 la dame assise avec son gros nez et ses platitudes hargneuses, expressions intemporelles d’une façon de voir la vie dans une certaine fraction de l’éventail politique.

Cachafaz :


Je ne suis ni voleur, ni coquin
je suis même beaucoup moins mauvais
je vis à Montevideo
berceau des hommes sincères !
Si on m'appelle Cachafaz
c'est pure injustice.
Je suis né dans une plantation
et ma mère mourut paisiblement !
Personne ne me traite de roublard,
encore moins un troufion !
Même si je n'ai jamais été riche
je sais me comporter dans le monde.
Personne ne naît anormal,
chaque perroquet a son bec,
et ici je dis et je redis
la forme de l'essentiel.
L'homme est un animal
noir, blanc, pauvre ou riche
que ce soit nez ou museau.
Mais personne pour être un paon !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Jorge Ricci

Hororo