Dialogue avec un iman modéré

 



  • Pourquoi n’a-t-on pas le droit de représenter le Prophète ?

  • Il n’y tient pas.

  • Mais enfin serait-ce qu’il est si laid ?

  • Vous insultez le Prophète !?

  • Non, je demande.

  • Vous me voyez, moi ?

  • Oui.

  • Eh bien, le Prophète : encore plus beau.

  • Ah oui, quand même…

  • On ne doit pas savoir quel visage il a.

  • Oui, mais on peut quand même se l’imaginer ?

  • Non, non.

  • Par exemple, il aurait les yeux bleus.

  • Là, tu joues avec ta vie.

  • Pourquoi ?

  • Le Prophète, il est arabe et les arabes n’ont pas les yeux bleus.

  • Ah oui, alors disons des yeux noirs.

  • Admettons. Mais ne va pas raconter ça partout. Ca reste dans ta tête.

  • Des cheveux noirs ?

  • Bon, ça va maintenant. On arrête là.

  • Parce qu’il est chauve ?

  • NON ! Pas du tout, il a de très jolis cheveux frisés qui lui donnent un air angélique.

  • Ah d’accord. Il a des airs un peu féminins.

  • Mais tu es fou ! Le Prophète est l’être le plus viril de la création.

  • Il a forcément une barbe, puisqu’on dit : par la barbe du Prophète...

  • Qui a dit ça !?

  • Je ne sais plus ; Je l’ai entendu quelque part. Ah oui, c’est dans Tintin.

  • Mais Tintin, ce n’est pas un bon musulman !

  • Bon enfin, des yeux noirs, des cheveux frisés, une barbe… On commence à se faire une idée.

  • C’est toi qui l’imagines comme ça, pas moi.

  • Je suppose qu’il est grand.

  • Ah oui alors ! C’est le plus grand Prophète.

  • Il porte une djellaba.

  • Non.

  • Une tunique ?

  • Non.

  • Un costume trois-pièces ? Un bermuda ? Une robe de chambre ?

  • Arrête ça !

  • Alors il va tout nu. Finalement, c’est bien pour un prophète…

  • Tu as de la chance que l’Iman que je suis n’entende pas tes propos de mécréant.

  • Mais quoi ! je m’informe…

  • Tu n’es pas de notre religion, alors pourquoi tu t’intéresses au Prophète ?

  • Justement, parce que je me renseigne. C’est peut-être une religion d’avenir.

  • Disons une djellaba blanche, et on n’en parle plus.

  • Des sandales évidemment.

  • J’en sais rien.

  • Oui, un jour, pieds nus, un autre jour, des nu-pieds.

  • Mais c’est toi qui inventes. Le Prophète, il est toujours pareil. Il n’est pas un jour ceci, un autre jour, cela.

  • Eh bien voilà, on avance. C’est-à-dire qu’une fois qu’on l’a représenté, c’est gagné. Après ça ne bouge plus.

  • Mais justement on ne le représente pas.

  • Oui, mais admettons. Une supposition. C’est quand même possible, une supposition ? Ca n’engage à rien, une supposition…

  • Tu supposes ce que tu veux, mais ça reste dans ta tête.

  • Alors maintenant, c’est vrai qu’il a beaucoup de femmes, le Prophète ?

  • Non, mais on ne parle pas de ça !

  • Je comprends très bien qu’on ne représente pas le Prophète, mais ses femmes, on peut ?

  • D’abord elles sont voilées, alors qu’est-ce que tu veux voir ?

  • On peut les compter, même voilées.

  • Non, on ne compte rien du tout. C’est sa vie privée au Prophète.

  • En tout cas, c’est sympa à vivre une vie de prophète. C’est pour ça qu’il ne tient pas à ce qu’on le représente.

  • C’est plus compliqué. Il a des responsabilités. Et puis, il y a tous ceux qui se moquent…

  • Moi, je ne me suis pas moqué.

  • Le Coran interdit la moquerie. Moi, je ne suis pas d’accord avec ceux qui veulent venger le Prophète, mais on ne peut pas non plus laisser tout faire et tout dire.

  • Bon alors, tu fais quoi toi si on se moque ?

  • Je prie le Prophète de se venger tout seul.

  • C’est vrai, après tout, il est assez grand pour…

  • C’est le plus grand prophète!



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