Conte amhara

 

Le Riche et le Pauvre


Deux hommes pauvres possédaient en commun une mule. Mais un beau jour, un des deux devint riche, tandis que l'autre était toujours aussi pauvre. Le riche vint bientôt trouver le pauvre et lui dit :

  • Coupons notre mule en deux, et que chacun prenne sa part.

  • Comment donc ? répondit le pauvre. Nous ne pouvons pas couper une mule en deux. Ou alors tu me donnes ma part en argent et tu prends la mule.

  • Non, je veux que l'on coupe cette mule en deux, et je vais donner ma part à mes chiens. J'ai besoin de viande.

Les deux hommes, ne parvenant pas à se mettre d'accord, se rendirent chez le doyen, qui était censé être le sage du village. Le riche prit la parole :

  • Nous possédons cette mule à deux. J'en veux la moitié, c'est tout... Partageons-la. Il n'y a rien à débattre à ce sujet.

Le doyen, médusé, répondit ;

  • D'accord, coupez-la en deux et que chacun prenne sa part.

C'est ainsi que la mule fut tuée. Au moment où le pauvre, éploré, rentrait chez lui, son riche voisin l'interpella et lui dit :

  • J'ai l'intention de brûler ma maison.

  • Mais si tu brûles ta case, lui répondit le pauvre, la mienne qui est mitoyenne va brûler aussi !

Le doyen eut de nouveau à émettre un jugement :

  • Il est vrai que c'est sa maison. S'il veut la brûler, c'est son problème et personne n'a le droit de l'en empêcher.

  • Mais il doit m'indemniser, reprit le pauvre désemparé, comme il aurait dû le faire pour la mule.

  • Non, il va brûler sa maison, pas la tienne. Il n'a rien à indemniser. Est-ce sa faute si ta maison a été construite contre la sienne ?

La maison du riche brûla, et celle du pauvre aussi évidemment. Ce dernier dormit à l'ombre d'un arbre et la journée il cultivait un carré de céréales. Un jour, les enfants du riche passèrent par cette parcelle et dévorèrent les céréales. Le pauvre se rendit chez le riche et lui dit :

  • Tes fils ont mangé toute ma récolte.

  • D'accord, répondit le riche, je vais te payer pour cela, t'indemniser.

  • Mais je ne veux pas être payé ; je veux MES céréales.

Le doyen fut encore sollicité pour régler ce litige :

  • S'il veut ses céréales, tu dois les lui donner, c'est tout !

  • Oui, ajouta le pauvre, je vais déchirer leurs ventres et ouvrir leurs estomacs afin d'y récupérer ce qui m'appartient.

Le doyen donna son verdict :

  • Si tu ne veux pas qu'il tue ses fils, tu dois lui donner en dédommagement la moitié de tout ce que tu possèdes.

C'est ainsi que le riche fut contraint de donner au pauvre la moitié de son troupeau, composé de chèvres et de moutons... et la moitié de sa toute nouvelle demeure.


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