Thé de Libye

 

Les Libyens manifestent à l’égard de l’art culinaire moins de passion que certains autres peuples arabes. Ils se conforment ainsi au dicton populaire qui proclame : « Celui qui manque de pudeur mange jusqu’à satiété. » Un autre proverbe soutient que la vertu consiste à se contenter de peu : « Mange de l’orge grillé et passe une nuit tranquille. » La pauvreté traditionnelle du sol et l’orthodoxie islamique seraient peut-être responsables de cette modération.

Ce sont plutôt les boissons qui animent ici l’enthousiasme. Le thé vert ou rouge et le café turc en particulier sont très appréciés. Le café, pulvérisé et bouilli dans les petites cafetières à long manche, est bu fort et sucré d’avance. Quant au thé, la grande passion libyenne pour ce breuvage, semblable au thé marocain, est exprimée dans un petit chant populaire. Le thé y est comparé au cheval, noble animal entouré d’un respect quasi superstitieux. Un homme, réduit à la misère, vend le cheval auquel il est fort attaché plutôt que de renoncer à l’indispensable boisson. L’homme explique ainsi au cheval son enthousiasme pour le thé.

« J’ai décidé de te vendre, ô Rahwan
Pour acheter une théière et une cafetière,
Dit le cheval : pauvre de moi, pourquoi me vends-tu ?
Garde moi, tu pourras toujours me monter !
Dit l’homme : je jure sur toi qui es si svelte
Que je ne suis plus maître de moi.
Quand il me vient à manquer la première tasse, je perds mes sens ;
Ce thé maudit m’assujettit ! »

Le Monde Diplomatique 



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