Conte de Tunisie


 L’hyène crédule

Un jour, la panthère partit à la chasse et revint quelque temps plus tard avec une gazelle. Voulant l’imiter, l’hyène partit elle aussi à la chasse et erra longtemps dans la forêt sans attraper le moindre gibier. Épuisée, elle reprit le chemin du retour la tête basse, la mine renfrognée. Sur son chemin, elle tomba sur un lièvre pris au piège.

– J’aurai bien voulu attraper une gazelle, moi aussi, se dit-elle. Mais au moins, je ne rentrerai pas bredouille. Sur ces paroles, elle s’approcha du lièvre et se mit à le délier lorsqu’un chasseur arriva.

  • Hé ! Que fais-tu ? s’écria-t-il d’un ton réprobateur.

    – C’est… c’est mon… mon gibier, balbutia l’hyène.

  • – Tu n’as pas honte ? fit le chasseur. Ne vois-tu pas le piège dans lequel il est tombé ? C’est moi qui l’ai posé. Donc, le lièvre est à moi.

  • – Oui, mai je ne peux pas te le laisser.

  • – Pourquoi ?

  • – Parce que je ne veux pas rentrer bredouille. Il faut que tu me le cèdes.

  • Sentant qu’il avait affaire à une bête stupide, le chasseur fit mine de réfléchir, puis hocha la tête en disant :

  • – Je suis prêt à te céder ce lièvre, mais à condition.

  • – Laquelle ?

  • – Que nous soyons amis, toi et moi.

  • – Je suis d’accord, dit l’hyène sans hésitation. Soyons amis. Et maintenant, laisse-moi le prendre.

  • – Attends ! Il faudra d’abord sceller notre amitié.

  • – Comment la scelle-t-on ?

  • – Par le henné, bien sûr ! Vas-y ! Donne-moi ta main, je vais t’appliquer le henné.

    Sans montrer de réticence, l’hyène tendit une patte et aussitôt le chasseur la happa dans un piège qui lui arracha un cri terrible. Puis il délia le lièvre et l’emporta, laissant la pauvre hyène se tordre de douleur. Celle-ci rentra, le piège serrant atrocement sa patte, et raconta sa mésaventure. Les animaux ne manquèrent pas de la railler. Et depuis, chaque fois qu’ils voulaient stigmatiser la naïveté de quelqu’un, ils disaient : « Telle l’hyène, donne-moi ta main que je t’applique le henné. » La phrase passa en proverbe et se répandit parmi les animaux et même les êtres humains.



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