Légende de Corée

Démon embouteillé à Mokpo

Un pêcheur qui n'avait rien pris de la journée jeta son filet dans la mer. Une fois de plus, il ne prit aucun poisson, mais dans le filet se trouvait une bouteille avec un bouchon en argent. Le pauvre homme se dit que, si le récipient ne contenait rien n'intéressant, au moins le bouchon pouvait lui permettre de gagner autant d'argent que lors d'une bonne pêche. Il ouvre donc la bouteille et aussitôt un nuage monte vers le ciel. Puis progressivement la fumée se transforme en démon, qui se tient debout sur le sol. Les jambes sont posées à terre, mais la tête se trouve dans les nuages. Ses doigts ressemblent aux ailes d'un moulin. La bouche semble une grotte et ses dents des rochers. Ses narines ressemblent à des trompettes et ses yeux à des lanternes. Ses cheveux sont un tas de broussailles.

Le pêcheur tremble de tous ses membres et dit :

  • Mon général, je vous prie de m'épargner. Je ferai tout ce que vous voudrez.

  • Pauvre type ! Je ne suis pas général, je suis le grand roi !

  • Ah, grand roi, ayez pitié !

  • Ecoute, pauvre homme, je vais t'apprendre une nouvelle.

  • J'écouterai tout ce que vous me direz.

  • Cette nouvelle, c'est que je vais te tuer.

  • Grand roi, je n'ai pas commis d'autre faute que de vous avoir sorti de la bouteille, et pour ce bienfait, vous voulez me tuer ?

  • Ecoute-moi bien. J'étais jadis le roi des diables du ciel. Et comme je semais le désordre dans le monde céleste, le dieu du ciel ordonna qu'on me mette dans une bouteille avec un bouchon d'argent et on me jeta dans la mer. Au fond des flots, je me suis dit : « Si quelqu'un me sauve dans moins de cent ans, je le rendrai riche. » Les cent ans ont passés, personne ne m'a sauvé. Alors je me suis dit : « Si quelqu'un me sauve dans moins de cent ans, je rassemblerai pour lui tous les bijoux et l'or de la terre. » J'ai attendu avec impatience mais personne ne m'a sauvé. Ensuite, je me suis dit : « sSi quelqu'un me sauve dans moins de cent ans, je réaliserai trois de ses vœux ». J'ai attendu, attendu, personne ne m'a sauvé. J'étais toujours dans la bouteille. Enfin, je me suis fâché et je me suis dit : « Si quelqu'un me sauve dans moins de cent ans, je le tuerai. Il n'avait à me faire attendre autant. » Et c'est toi qui m'a sauvé !

Le pêcheur eut tout de même la présence d'esprit de continuer la conversation :

  • Je ne crois pas à cela, et je ne crois même pas que, grand comme vous êtes, vous êtes sorti de cette bouteille.

  • Ah, tu ne me crois pas. Eh bien, regarde !

Et tout en disant cela, le diable-roi se transforme en fumée, rétrécit et entre dans la bouteille. Aussitôt le pêcheur ferme la bouteille avec le bouchon en argent qu'il avait dans sa poche. Puis il jette le tout à la mer.


 

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