Chu Yosop

image du film "Le locataire et ma mère"

 Chu Yo-Sup (1902-1972) est un romancier sud-coréen qui a débuté en 1921 au Maeil Sinbo Daily avec la nouvelle Kkeojin hangari (깨어진 항아리 La jarre d'argile brisée). Les premières œuvres de Chu traitaient souvent de la vie difficile des classes inférieures en Chine, mais à partir des années 1930, il s'est concentré sur des perspectives humanistes de la vie. Après la libération de la Corée de la domination japonaise, Chu a de nouveau écrit des textes critiques sur la société coréenne et ses injustices. Et notamment cette nouvelle : « Le locataire et ma mère » en 1935, nouvelle qui fera l'objet d'une adaptation cinématographique en 1961.

La lecture moderne veut voir dans ce texte une narration du renoncement féminin, alors qu'on peut aussi bien la lire comme une dénonciation de la violence rampante faite aux femmes par le néo-confucianisme paternaliste et clanique.

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Mère était allongée à cause de sa migraine et soudain je l'ai entendue m'appeler :

  • Okhui, tu veux avoir un papa ? m'a-t-elle demandé.

  • Oui, je voudrais avoir un papa moi aussi.

Et je me suis mise à chouiner comme un bébé. Mère n'a rien dit pendant un moment, se contentant de regarder le plafond.

  • Okhui. Tu sais que ton père est mort avant ta naissance. Cela ne veut pas dire que tu n'as pas de papa, c'est juste qu'il est décédé très tôt. Si tu avais un nouveau père maintenant, le monde entier t'insulterait. Tu n'es pas encore adulte, alors tu ne le sais pas mais le monde entier t'insulterait. Le monde entier. Ils diraient tous que la mère d'Okhui est une femme frivole. Voilà ce que tout le monde dirait. Le père d'Okhui est mort mais si maintenant elle avait un nouveau père, le monde entier l'insulterait. Et quand tu grandirais, nous ne pourrions pas te trouver un mari convenable. Même si tu étudiais bien et même si tu réussissais, les autres diraient que tu es la fille d'une femme frivole. Je veux que tu vives avec moi même quand je serai vieille et ridée. Après l'école maternelle, après l'école primaire, après le lycée, même si tu es la femme la plus intelligente du pays, je veux que tu restes vivre avec ta mère.

Mère m'a attirée contre elle et serrée très fort au point que je n'arrivais plus à respirer.

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