Maria Rosa Pfeiffer

 

Plutôt morts que vivants de Maria Rosa Pfeiffer

Une pièce divertissante et profonde en même temps. Dans un village de province, il y a de moins en moins d'habitants. Les jeunes partent et ne restent que les vieux. Il se crée une commission de retraités pour s'occuper du cimetière et des veillées funèbres. A la fin, tout de même, surgit un espoir et un acte de rébellion.


JUSTINO: - Et Jeta?

EMERENCIO: - Les mercredis il joue aux boules.

JUSTINO: - Changeons de jour.

EMERENCIO: - Les lundis et les vendredis il joue aussi.

JUSTINO: - Mardi.

EMERENCIO: - Il est entré comme membre à la commission de la Bibliothèque.

JUSTINO: - Jeudi ?

EMERENCIO. - Tu es fou ? Les jeudis, c'est nous qui jouons aux dominos.

JUSTINO: - Nous pouvons changer.

EMERENCIO: - Tu parles sérieusement ? Nous avons toujours joué les jeudis. Depuis que nous sommes gamins.

JUSTINO: - Bon, mais les choses ne sont pas faites pour être éternelles.

EMERENCIO: - Tu te rends compte de ce que tu dis ?

JUSTINO: -….

EMERENCIO: - Il y a des choses qu'on ne doit pas changer. Ce n'est pas de la routine, c'est un rite. Et les rites, il faut les respecter. Tu imagines, si on faisait la messe le mercredi au lieu du dimanche. Non, mais tu imagines ? Il ne faut pas toucher à ça. Le jour, l'heure sont inamovibles. Te souviens-tu quand nous avons organisé le premier tournoi ?

JUSTINO: -...

EMERENCIO: - C'était un jeudi. A quelle heure a-t-il commencé ?

JUSTINO: -...

EMERENCIO: - A neuf heures précises. Ni une minute de plus, ni une minute de moins.

JUSTINO: -…

EMERENCIO: - Exactement à l'heure où nous jouons les jeudis.

JUSTINO: - Ah oui...

EMERENCIO: - La fois où nous avons fait une partie ouverte au bénéfice de la kermesse de l'école, c'était quand ?

JUSTINO: -……..

EMERENCIO: - Un jeudi ! (Pause).

EMERENCIO Y JUSTINO: - A neuf heures précises !

EMERENCIO: - Changer de jour serait donner une chance à la malchance.

JUSTINO. - Superstitions !

EMERENCIO: - Je ne te permets pas ! Dieu merci. C'est une fidélité aux règles. De plus, je ne vois pas pourquoi nous, qui sommes deux, nous devrions changer pour un qui ne viendrait pas. Si Jeta abandonne, tant pis pour lui. C'est qu'il n'était pas intéressé.






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