Myriam Tadessé

 

Nous (mon père, ma mère et moi) empruntons une rue caillouteuse à l'autre bout de la ville, tournons devant une caserne et des troupeaux de zébus broutant paisiblement l'herbe d'un terrain vague, croisons une volée d'enfants fuyant les pierres que leur lance une vieille folle qui niche entre des poteaux à haute tension, passons devant l'hôpital Tsehaye, du nom de la princesse, qui domine un assemblage hétéroclite de bicoques avec des enfants jouant dans les rigoles, au milieu des fleurs de la maskal, évitons les ânes et les chiens errants, contournons prudemment le rond-point où personne ne s'arrête jamais, poursuivons dans une allée bordée d'eucalyptus sous lesquels marchandes de fruits et colporteurs hèlent les passants, passons devant le gigantesque lion en granit noir du Théâtre Impérial qui nous toise du haut de sa crinière crénelée, nous engageons dans l'avenue Churchill couronnée par la stèle de l'hôtel de ville, qui s'étend entre les grands bâtiments de pierre de l'administration, le lycée franco-éthiopien, les magasins d'artisanat, les immeubles modernes et les anciennes maisons de maître en bois, puis tournons sur la gauche, au rond-point de la « Maison du diable », le premier cinéma de la ville.


L'instant d'un regard


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