Mangez-le si vous voulez

 

Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin.
Il arrive à destination à quatorze heures. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.
Pourquoi une telle horreur est-possible ?
Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ?
Jean Teulé a reconstitué avec une précision redoutable chaque étape de cet atroce chemin de croix qui constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle en France. 

Âmes sensibles s'abstenir ! Ce roman est d'une violence... il donne presque la nausée. Mais attention, ce n'est pas la faute de l'auteur. Non, c'est surtout de penser que cette histoire est réelle. le village de Hautefaye a, en effet, été le lieu d'une innommable barbarie. A l'heure actuelle, il y a encore une certaine honte. Une stèle commémorative ne sera d'ailleurs installée qu'en 1977, soit plus de cent ans après les faits...

et bien mes amis, que se passe-t-il ?...

- C'est votre cousin, explique un colporteur. Il a crié : "Vive la Prusse !"
- Quoi ? Mais non ! Allons donc, j'étais auprès et ce n'est pas du tout ce que j'ai entendu. Et puis je connais assez de Maillard pour être bien sûr qu'il est impossible qu'un tel cri sorte de sa bouche : "Vive la Prusse"... Pourquoi pas "A bas la France !" ?
- Qu'est-ce que vous venez de dire, vous ?
- Quoi ?
- Vous avez dit "A bas la France"...
-Hen ? Mais non !
-...
Le colporteur demande aux gens près du muret :
- Que ceux qui l'ont entendu crier "A bas la France" lèvent la main !

Un bras se tend vers le ciel :

- Ah, moi, je l'ai entendu dire : « A bas la France !».

(….................................................................)

Le premier magistrat de la commune s'avance d'un pas vers de Monéys et s'adresse à ceux qui le tirent par les chevilles :
- Ôtez cet homme de là. Il gêne la circulation. Emmenez-le plus loin.
Anthony, effondré, soupire. Buisson et Mazière demandent à Bernard Mathieu :
- Pour en faire quoi, plus loin?...
- Ce que vous voudrez! répond le maire totalement dépassé par les événements. Mangez-le si vous voulez.

Reconstituant minute par minute ce calvaire absurde (Alain de Monéys n'avait évidemment aucun lien avec la Prusse), Jean Teulé a écrit un chef-d'œuvre de roman historique, diablement noir, pétri de sagesse et plein d'un rire désespéré à l'égard d'un « genre humain » pourtant prompt à fouler aux pieds sa sacro-sainte humanité.


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