L'homme qui jouait du piano au milieu des ruines
Piano Man
Un homme qui jouait du piano au milieu des ruines
La rue d'un camp de réfugiés palestiniens dans la banlieue de Damas
Ce jeune homme émacié de vingt-sept ans
a effleuré les touches de son vieux piano, transporté sur un chariot
Sa famille, ses amis, les enfants de la rue se sont rassemblés
l'un après l'autre autour du piano pour chanter ensemble
Reviens à Yarmouk
N'abandonne pas ta mère, Yarmouk
On t'attend...
Sur cette terre obscurcie par les ombres de la barbarie,
le piano qui permettait de surmonter la faim, la maladie, la violence, la folie
et réveillait les consciences abattues
fut brûlé par des combattants de l'Etat Islamique, devant un poste de sécurité
Comme il ne pouvait plus jouer du piano
il devint un migrant qui avait perdu le langage de l'âme
Il dut quitter son père malade -son maître- et sa mère,
et laisser sa femme et ses deux enfants rebrousser chemin à mi-course
mais lui ne pouvait s'arrêter
Il est arrivé à grand-peine en Allemagne après quelques mois
Devant le public d'un théâtre national
il s'est mis à jouer de nouveau « les chansons de Yarmouk »
La mélodie de son piano est le prélude d'un long combat à l'issue incertaine
Ses larmes sont notre honte
Son désespoir est notre colère
Son amour est notre chagrin
Il se souvient avec nostalgie de Yarmouk et Yarmouk de lui
sa vie de réfugié débute une nouvelle fois, ici
Kwak Hyo-Hwan
Aeham Ahmad, ce jeune Syrien, âgé de vingt-sept ans, qui pesait à peine 45 kilos, en jouant du piano au milieu des décombres de Yarmouk, en bordure de Damas, la capitale, ravagée par de longues guerres intérieures, avait fait connaître dans le monde entier cette situation tragique. Lorsque son piano fut brûlé le 16 septembre 2015 par les combattants de l'Etat Islamique, contraint de s'exiler, il traversa la Turquie et la Grèce avant d'arriver en Allemagne. Désigné comme le premier lauréat du « Prix Beethoven », il a joué de nouveau, le 18 décembre de la même année au Centre National d'Art à Bonn en Allemagne.
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