Le proverbe du samedi


 

Si tu viens à fréquenter la compagnie des rois, entre sourd et sort muet.


Ce proverbe a pour origine une fable : un lion était tombé malade et tous les animaux vinrent lui rendre visite à l'exception du renard. S'étant enquis de son absence, le loup dit au lion que le renard était absent par manque d'égard envers lui. Le lion, vexé, se promit de se venger du renard. Ayant eu vent des propos du loup, le renard se présenta le lendemain devant le lion qui lui demanda les raisons de son absence. Celui-ci lui dit que, le sachant malade, il s'était mis à la recherche d'un remède pour le guérir.

  • Et quel est le remède ? dit le lion.

  • Un peu de sang venu des testicules d'un loup avec lequel vous badigeonnerez votre douleur qui guérira sur le champ.

Le lendemain quand le loup se présenta devant le lion, celui-ci lui sauta dessus et lui arracha se testicules ; le loup se sauva tout endolori. A la porte l'attendait le renard qui lui dit la phrase devenue proverbe : Si tu viens à fréquenter la compagnie des rois, entre sourd et sort muet.


Jean de La Fontaine fit une fable sur le même thème :


Un Lion décrépit, goutteux, n’en pouvant plus,
Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse :
Alléguer l’impossible aux Rois, c’est un abus.
Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des Médecins ; il en est de tous arts :
Médecins au Lion viennent de toutes parts ;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
Dans les visites qui sont faites,
Le Renard se dispense, et se tient clos et coi.
Le Loup en fait sa cour, daube au coucher du Roi
Son camarade absent ; le Prince tout à l’heure
Veut qu’on aille enfumer Renard dans sa demeure,
Qu’on le fasse venir. Il vient, est présenté ;
Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire :
Je crains, Sire, dit-il, qu’un rapport peu sincère,
Ne m’ait à mépris imputé
D’avoir différé cet hommage ;
Mais j’étais en pèlerinage ;
Et m’acquittais d’un vœu fait pour votre santé.
Même j’ai vu dans mon voyage
Gens experts et savants ; leur ai dit la langueur
Dont votre Majesté craint à bon droit la suite.
Vous ne manquez que de chaleur :
Le long âge en vous l’a détruite :
D’un Loup écorché vif appliquez-vous la peau
Toute chaude et toute fumante ;
Le secret sans doute en est beau
Pour la nature défaillante.
Messire Loup vous servira,
S’il vous plaît, de robe de chambre.
Le Roi goûte cet avis-là :
On écorche, on taille, on démembre
Messire Loup. Le Monarque en soupa,
Et de sa peau s’enveloppa ;
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire :
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.
Les daubeurs ont leur tour d’une ou d’autre manière :
Vous êtes dans une carrière
Où l’on ne se pardonne rien.

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