Victor Brauner et le Mexique

Après la défaite de juin 1940 et l’occupation partielle de la France par l’armée allemande, Victor Brauner se réfugie dans la famille du poète Robert Rius (dont il vient d’illustrer le recueil Frappe de l'Echo) à Perpignan.. En novembre, il est à la villa Air-Bel à Marseille, avec d’autres artistes comme André Breton, Max Ernst, Wifredo Lam et le militant communiste anti-stalinien Victor Serge. Il espère obtenir un visa pour quitter le pays et échapper à la répression du régime de Vichy. Il espère aller au Mexique. Durant cette période, il participe à la création du « Tarot de Marseille » pour lequel il dessine les figures de la medium suisse Hélène Smith et du philosophe Hegel. L’espoir d’exil se révélant vain, Victor Brauner est alors caché en Provence par René Char. La précarité de sa vie le contraint à s’adapter et utiliser le peu de matériau dont il dispose. Ainsi, il peint à la cire, matière à qui il donne une valeur alchimique, voire ésotérique. 

villa Air-Bel à Marseille

En réalité, il avait peu de chance de partir ; on lui reprochait d'être proche du Parti Communiste, de présenter des dessins parus dans des journaux de gauche et, bien sûr, le fait d'être juif. Bien qu'en France, Victor Brauner était suivi par la « Siguranța » ancêtre de la « Securitate ». Il n'était pas bien vu non plus du Comité Américain qui distillait les permissions d'exil.

Hiver 1940. Jacqueline Lamba et Victor Brauner

Mais il croit toujours à un possible départ, comme en témoigne cette lettre du 24 septembre 1940 :
A Paris, avant de devoir partir, nous avions tout un tas de projets, qui sont ainsi tombés à l'eau. Je devais notamment partir en Amérique, où il était question que je fasse une série d'expositions. D'ailleurs, je n'y ai pas renoncé ; il faut juste trouver l'occasion. Les Espagnols peuvent aller au Mexique, aux frais du gouvernement mexicain. Je voudrais, en tout cas, pouvoir obtenir un passeport pour le Mexique. Peut-être savez-vous quelles sont les formalités pour partir dans ce pays. Mon passeport est de 1938. Au Mexique, j'ai des amis qui pourront m'héberger et se porter garants pour moi. De là, il me sera même facile d'aller à New York, où je connais du monde. Teddy me dit que Fritz Stern est à New York. Il a de la chance. Ici, j'ai reçu des lettres de tous mes amis de Marseille, Breton y compris. Ils sont sur une petite plage et ils se préparent à partir. Je crois que moi aussi je partirai bientôt au Mexique. D'autant plus que Breton y était encore il y a huit mois.  
Le 17 juillet 1941, il écrit à René Char :
Je pense qu'à la fin de ce mois ou au début du mois prochain je vais partir de Marseille. Cette histoire de mon voyage en Amérique devient de plus en plus utopique, et le Comité Américain, avec lequel je suis en contact, de plus en plus évasif...

Victor Brauner n'ira jamais au Mexique et pourtant avec Temps Sombrero, une inspiration issue de l’art populaire mexicain, il montre que la culture de ce pays l'inspirait beaucoup.


 
Sources : Patimile după Victor Brauner d'Emil Nicolae



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