Juan Gelman


Chez cet homme dont on a décimé la famille, qui a vu mourir ou disparaître ses amis les plus chers, nul n'a pu tuer la volonté de dépasser cette somme d'horreurs en un choc en retour affirmatif et créateur de vie nouvelle. Peut-être le plus admirable de sa poésie est-il cette presque inconcevable tendresse là où serait beaucoup plus justifié le paroxysme du refus et de la dénonciation... 
Julio Cortazar -


Je cohabite avec un obscur animal.
Ce que je fais de jour, il le mange de nuit.
Ce que je fais de nuit, il le mange de jour.
La seule chose qu'il ne mange pas c'est ma
mémoire. Il s'acharne à palper
la moindre de mes erreurs et de mes peurs.
Je ne le laisse pas dormir.
Je suis son obscur animal.
XXIV
t'aimer c'est ceci :
un mot qui reste à dire /
un arbre sans feuille
qui donne de l'ombre /


« l’idée est plus obscure que la somme
d’obscurité qu’il y a dans son berceau/ tait
qui a vu avec des yeux cousus
l’envers du voler/ les morceaux
blessés/ la chanson
de l’enfance chaude/ »

Extraits de "Salaires de l'impie"

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