José Luis Borges



Jardin
Fossés,
âpres chaînes de montagnes,
dunes,
assiégés par de haletants départs
et par des lieues d'intempérie et de sable
qui au fond du désert se ressemblent.
Sur une pente ce jardin.
Chaque arbuste est une forêt de feuilles.
C'est en vain que le harcèlent
les stériles coteaux silencieux
dont la pénombre avance l'heure de la nuit
et là-bas la mer triste aux verdeurs inutiles.
Tout le jardin est une lumière paisible
qui illumine le soir.
Le jardinet est comme un jour de fête
dans la pauvreté de la terre.

Gisements du Chubut – 1922

traduction de Jean-Pierre Bernès

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