Ariel Barchilón

 


Ariel Barchilón est né dans la province de San Juan en 1957. Il réside à Buenos Aires depuis une vingtaine d'années. Licencié en Lettres, journaliste, narrateur et dramaturge. Il a écrit de nombreuses pièces dont "Salvavidas de Plomo" (2003) et « Paisaje después de la batalla » (2004)

Paysage après la bataille

L'action se passe dans une province du littoral, durant les guerres civiles argentines 1828 – 1852

Le peintre Blanes est chargé de représenter les victoires du Général Caceres avant même que la bataille ait eu lieu. Mais cette fois, il a peint la défaite du général et sa mort. Il a essayé de fuir la colère du général en se déguisant en femme, mais il a été repris.


BLANES – Permettez-moi de m'habiller en homme, Général. Vous pouvez me tuer, mais vous ne devez pas m'humilier.

GENERAL – Je le ferai si vous me promettez de peindre une autre bataille de Indio Muerto.

BLANES – Je vous ai déjà dit que c'était impossible.

GENERAL – Silence ! C'est moi qui décide ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Maintenant tu n'ouvres plus la bouche et tu écoutes attentivement ce que j'ai à te dire, parce que je n'ai pas l'intention de me répéter. Il n'y a plus le temps pour peindre un autre tableau. Il faudra donc refaire celui-ci. Je veux que tu effaces le visage de mon cadavre, là, et que tu y peignes le visage du Général Ochoa. Et inversement. Tu mettras ma tête sur la sienne ; je veux que être droit et victorieux, sur mon cheval noir. Et là, près de moi, tu peindras mon chien Purvis.

BLANES – Votre chien s'est suicidé, Monsieur.

GENERAL – (contenant sa colère) Je t'ai averti que je ne veux aucune interruption ! A gauche, sur la montagne, au-delà du fleuve, tu esquisseras la troupe de mes amis indiens, appelés par mon neveu. Les autres, ce sont des comparses qu'on voit de loin, on peut laisser comme c'est : les lances, les fusils, et les traits de ces obscurs fils de cette terre, déformés par la peur de la mort. Là, tu vois ce cheval mort ? Eh bien, je veux que tu l'effaces et que tu peignes à sa place le corps de mon fils, le Capitaine Caceres. Je veux que sa tunique et son plastron soient tachés de sang, qu'il ait les yeux ouverts, secs et vides, tournés vers le ciel. Tu me suis, Blanes ?

BLANES – Pourquoi voulez-vous que le Capitaine Caceres soit blessé, Monsieur ?

GENERAL – Pas blessé. Mort, je t'ai dit. Je le veux mort au combat. On recueillera son corps et on lui donnera les honneurs dus à son rang et à son nom. Ah j'oubliais, je veux une lueur qui tombe sur Parvis, mon chien.

BLANES – Votre chien s'est dévoré lui-même, Monsieur.

GENERAL – Ce sont des racontars de vieilles femmes et je n'en crois pas un mot !

BLANES – Je l'ai vu de mes propres yeux, Monsieur. C'était un signe !

GENERAL – Un signe de quoi, chère Madame ?

BLANES – Un présage de votre défaite, Monsieur.




C'est une fiction historique. Si le personnage n'a pas existé, le contexte et l'ambiance sont réels. C'est difficile pour moi d'écrire sur les personnages les plus important de notre histoire, comme San Martin ou Sarmiento. A moins de le faire sur le ton de la plaisanterie. Notre histoire est très riche, elle interpelle notre imagination, et je me sentirais limité sur j'écrivais sur ces grands hommes.

Ariel Barchilón


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