Comment se faire vacciner en France


 

D'abord, il faut connaître un peu quelqu'un dans l'entourage d'un sous-ministre. Lui, il saura vous dire où on peut trouver quelques doses de Astra Zeneca tombées du camion. En général, c'est un vétérinaire en retraite qui soigne un zèbre du Jardin des Plantes qui ne supporte que lui. Il a dans son frigidaire, en plus de quelques bouteilles de vodka au poivre, un petit pack de vaccins. Faut être introduit pour aller dans son repaire où végète un grand boa constrictor. Alors évidemment, aussi sympathique qu'il soit, il ne va vous les donner gratuitement. Mais si vous avez des entrées dans un restaurant clandestin, il se laissera attendrir. Seulement une seule dose, cela ne fait pas votre affaire. Il en faudrait quatre pour bien faire. Alors, si vous ajoutez au restaurant en catimini mais un peu luxueux une place dans un jet privé pour Marrakech, il vous mettra les doses dans un faux livre dont la couverture annonce clairement la couleur : « Le confinement de A(stra) à Z(eneca) ».

Maintenant, il suffit d'entrer sur le site du Bon Coin et d'y publier une annonce : Echangerait quatre doses de Astra-Zeneca contre une de Pfizer. La réponse est souvent assez rapide. Un type de la région vous attend dans son pavillon, vous emmène dans sa cave et sort de dessous les fagots le magot de Pfizer. Il se fait un peu tirer l'oreille pour vous les refiler ; en général, il faut rajouter un petit cadeau, comme un écran extra-plat ou des morilles. Mais on finit par obtenir ce qu'on veut. Il ne reste plus alors qu'à trouver une infirmière qui n'est plus dans le circuit, pour ne pas nourrir de suspicion inutile. J'en connais une qui a été exclue d'un hôpital pour une euthanasie manquée. Elle rend des services à des gens qui ont des trous de balle mal placées et qui n'ont pas envie d'en informer les autorités. Nous l'appellerons Gwladys pour ne pas dévoiler son identité. Elle vous recevra dans son appartement de Nogent-le-Rotrou, au numéro 25 de la rue Saint-Nectaire. Dans le hall, il y a toujours un interphone et un interlope ; il ne faut pas s'en inquiéter. Elle vous recevra sans délai et sans chichi. En échange de quelques flèches au curare que vous aurez volées au musée des arts amérindiens, elle vous fera une injection sans une réflexion. Le seul effet secondaire viendra du personnage interlope qui voudra un peu profiter de l'occase pour vous délester d'une montre ou d'un téléphone.

Mais désormais vous êtes VACCINE !

Evidemment, il faudra recommencer pour la seconde dose, mais vous avez au moins trois semaines de répit.

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