Alejo Garcia Valdearena

 


Garcia Alejo Valdearena (né en 1975) est un écrivain et un auteur de bandes dessinées généralement pour enfants. Il a publié deux romans Historieta nacional et Conductores Suicidas, mais aussi des recueils de contes et des histoires pour enfants en Argentine et en Espagne.


  • Qu'est-ce qu'on met ?

  • Où ?

  • Sur l'affiche, ducon. Qu'est-ce qu'on écrit ?

  • Je ne sais pas, mais il faut bien y réfléchir pour que ce ne soit pas interprété à contre-sens. Le mieux serait que ce ne soit pas interprété du tout, mais c'est impossible, non ? Il ne faut pas que l'on puisse confondre cela avec un message politique habituel, c'est à dire qu'il faut quelque chose qui désoriente, que le type qui lira ça demain matin en allant travailler se dise : Qu'est-ce qui s'est passé ici, merde alors ?

  • Ouais, quelle est la gare où nous venons de passer ?

  • Banfield...

  • Banfield... Je croyais que nous étions au moins à Gerli.

  • Il ne faut pas non plus que cela ait l'air d'une blague, nous devons reproduire la confusion que le conducteur a ressentie en voyant les affiches précédentes. C'est ce que nous devons obtenir, pour quelqu'un qui voit l'affiche, c'est que la réalité soit un peu tordue, qu'il ne comprenne pas ce qu'il voit.

  • C'est exactement ce que je viens de te dire... c'est qu'ils faisaient dans le livre de Manuel.

  • C'est quoi le livre de Manuel ?

  • Le roman français dont Manuel a tiré tout ça.

  • Qu'est-ce qu'il a tiré ? Le coup des affiches ?

  • Oui, ce que nous sommes en train de faire, ducon. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu es drogué, ou quoi ?

  • Moi, je ne savais pas qu'il l'avait tiré d'un roman ; je pensais que c'était toi qui l'avais inventé. J'ai cru que nous étions les types les plus originaux du monde et finalement nous ne sommes que des pauvres cons. Tout a déjà été fait en France...

  • Je ne suis pas aussi intelligent que tu pensais.

  • Mais dans ce roman-là, ils changent aussi les affiches ? Comme nous le faisons ?

  • Non, mais plus ou moins... Ce qu'ils faisaient c'était par exemple d'aller au cinéma et au milieu du film de se mettre à crier.

  • Qu'est-ce qu'ils criaient ?

  • Je ne sais pas te dire, mais en général c'était contre quelque chose de bien précis, contre les dictatures latino-américaines et tout le reste.

  • Alors ce n'est pas comme nous.

  • Si, en réalité si, parce qu'il ne s'agissait pas de crier « A bas les dictatures latino-américaine et leur règne de terreur ! » C'était beaucoup plus subtil... Autre chose qu'ils faisaient, c'était de vendre des paquets de cigarettes, avec des cigarettes déjà à moitié fumées. Tu comprends ? Ils essayaient de faire dérailler le système par tous les moyens.

  • Ils les présentaient comme des paquets neufs ?

  • Oui, et ils les vendaient parce qu'ils avaient un ami qui travaillait dans un kiosque, vise un peu.

  • En France, il n'y a pas de kiosque.

  • Bon, il avait un petit magasin, ce copain-là, tu vois.

  • Il avait un bureau de tabac ?

  • Si tu veux...



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