Meqègna

 

Meqègna est une notion cardinale, voire obsessionnelle de la « psychologie éthiopienne ». Elle intègre les notions de jalousie, d'envie, de convoitise, et engendre toute une gamme de comportements plus ou moins atrabilaires -médisance, calomnie, perfidie, fourberie, leurre, embrouille, dissimulation, etc.- mais surtout, toujours sans en avoir l'air. Les Ethiopiens reconnaissent qu'il est parfois bon d'être victime de Meqègna, bien que cela soit redoutable, car cela signifie alors que l'on est une personne importante. Interrogé sur ce quasi-sport national, l'écrivain Sebhat Guébré-Egziabher l'illustre par une parabole aussi extrême que significative :


Un pauvre fermier ne possédait qu'un bœuf alors que son riche voisin en avait plusieurs. Un étranger de passage, surpris par la tombée du jour, vint demander asile pour la nuit. Le pauvre fermier accepta volontiers. Le lendemain matin, alors qu'il s'apprêtait à partir l'étranger dit à son hôte : « Je suis Dieu. Quel vœu aimerais-tu réaliser ? Sache seulement que, quoi je fasse pour toi, j'accomplirai le double pour ton prochain. » Et le fermier de formuler aussitôt un souhait : « Crève-moi un œil. »


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