Conte libyen

 

La hyène et le coq

La hyène, qui ne se nourrissait que de viande de troupeau, finit par goûter un jour de la volaille. Et depuis ce jour, elle prit la ferme décision de ne plus manger autre chose. Ses congénères la conseillèrent, mais tous les efforts pour la ramener à la raison se soldèrent par des échecs. Ainsi, la hyène tua beaucoup d’oiseaux de la brousse. Elle finit par faire disparaître l’espèce. Un jour, elle ne vit plus aucun oiseau. Elle se promena toute la journée sans en voir un seul ; elle se promena même la nuit, mais toujours rien. Fatiguée, elle se réfugia sous l’ombre d’un grand arbre. Soudain, qu’est-ce qu’elle entend dans les feuillages au-dessus de sa tête : des cris de chèvre.. ! Elle s’étonna en ces termes : "Dieu tout puissant, qui peut faire monter une chèvre sur un si grand arbre ?" Se rappelant sa promesse de ne manger que de la volaille, elle se détourna de cette réflexion et se mit à dormir. Quelques instants après, les mêmes cris reprennent de plus belle. Elle s’interrogea de nouveau : "Je sais que les chèvres grimpent dans les arbres, mais, des arbres de cette taille, il faut dire qu’il y a de quoi s’interroger. D’où peut venir cette chèvre mystérieuse ?" Les cris reprennent une troisième fois et perturbèrent la sieste de la hyène. Elle décida alors d’en savoir d’avantage. "J’avais juré de ne manger autre chose que de la volaille, mais puisque je suis seul ici et sans témoin, je vais manger cette chèvre et personne ne saura rien." Lorsqu’elle leva la tête, que vit-elle dans l’arbre : un gros coq aux ergots très longs. Elle s’étonna en se disant : "Mais n’est-ce pas cet oiseau qui poussait des cris de chèvre pour qu'on ne le prenne pas pour une volaille ?"

Elle s’adressa alors au coq en ces termes :
 - Eh, toi volaille, viens ici que je te mange.
-  Je ne descends pas aujourd’hui, je ne descends pas demain. Elle reprit encore :
 - J’ai fini de manger tous tes parents.
 - Je ne descends pas aujourd’hui, je ne descends pas demain.
 - J’ai fini de manger tous tes frères et sœurs.
 - Je ne descends pas aujourd’hui, je ne descends pas demain.
 -J’ai fini de manger tous tes amis.
 - Je ne descends pas aujourd’hui, je ne descends pas demain.
 - J’ai fini de manger tous tes voisins, tous tes congénères.
 - Je ne descends pas aujourd’hui, je ne descends pas demain. Devant l'attitude du coq la hyène piqua une vive colère et lança : Je ne te comprend pas. Je te dis que j’ai tout mangé chez toi. J’ai même mangé ton espoir.

Dès qu’elle eut lancé cette phrase, le coq sauta sur le sol et vint se présenter devant la hyène en lui tenant ce langage : "Eh bien.. ! Tu as gagné, il ne te reste plus qu’à me manger." Cette attitude troubla encore la hyène qui domina sa faim et demanda au coq le pourquoi de cette décision subite. Le coq lui dit : "Certains n’ont pas de père, et pourtant ils vivent, n’est-ce pas ? D’autres n’ont pas de mère, ils vivent bien aussi. Il y en a même qui n’ont ni parents, ni amis, et ils s’en sortent. Mais quand on n’a plus d’espoir, il n’y a pas d’issu. Puisque tu as mangé tout mon espoir, il ne me reste plus rien. Tu peux donc me manger moi aussi."

La hyène réfléchit, elle qui se promène dans cette brousse en toutes saisons, elle n’a jamais pensé fonder son espoir sur quelqu’un ou quelque chose. EIle décida alors de faire du coq son espoir. Et c’est depuis lors qu’à l’approche du jour, le coq avertit la hyène. Et c’est depuis ce jour que la hyène ne mange plus jamais de coq.



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