Ibrahim Al-Koni

 

(…) le point d'accolement entre les rivages marins gorgés d'humidité et un désert qui enjambait la crête des montagnes pour s'enfoncer vers le sud sur des surfaces planes, nues, assoiffées, sans limites.

La plaine que les ancêtres appelaient « Vallée de la mort » et que leurs descendants nomment « Plaine de la Djaffâra » est le trait d'union entre ces deux mondes dont les migrants, les nomades ou les marchands caravaniers ne pénètrent jamais l'un que pour se rendre étrangers à l'autre et auquel ils ne se rendent étrangers que pour naître dans son opposé. Car si le premier prend pour certains voyageurs figure de paradis, le second est pour les autres un feu ardent et quand le second représente pour certaines espèces de migrants une renaissance, le premier constitue pour d'autres une mort. En effet, ce que les gens du désert regardent comme un enfer, les gens de la côte le voient comme un paradis et ce qui apparaît aux yeux des habitants de ces villes accrochées aux rivages marins comme une géhenne apparaît au regard des Sahariens comme le jardin de la félicité.

Il en est ainsi depuis que le monde est monde et il en sera probablement ainsi tant qu'il y aura sur cette terre des enragés du domicile et des amoureux du voyage.


Comme un appel du lointain


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