Jours tranquilles à Tripoli


 Salem est au point. Il est même impatient d’aller voter. Seulement… il ne sait pas pour qui. Il faut dire que la campagne ne permet guère aux électeurs de se faire une idée. Les quelque 3700 candidats n’ont que trois semaines pour évoquer leur programme. Aussi peu formés que leurs électeurs, ils nous offrent des interviews insipides où « je ferai ce que mes électeurs veulent » devient un refrain. En guise de campagne, la plupart des candidats se contentent de placarder des affiches. Certaines d’entre elles nous semblent tellement improbables que Mathieu et moi avons commencé une collection. Il y a les affiches ultra photoshopées, avec le teint trop blanchi, des cheveux ajoutés pour cacher une calvitie précoce, des décors irréels, auxquels s’ajoutent les écritures en mode WordArt 1998. Le coup de cœur de Mathieu, c’est Ahmed Massaoud, le candidat n° 84. Un crâne dégarni, une moustache brune fournie et soigneusement peignée, qui laisse apparaître, par la bouche entrouverte, deux dents de lapin. Personnellement, j’ai un faible pour cette candidate en niqab, qui a tout de même tenu à apparaître sur ses affiches. Épilogue : Nous n’avons jamais rencontré Ahmed Massaoud. Il n’a pas été élu. Mais son affiche trône encore dans notre bureau.


Maryline, Tripoli, 20 juin 2012


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