Sicilia-Tunisia


 

Partout cette question d'insécurité. Ici, c'est sécurisé avec le gardien à l'entrée du restaurant où nous dînons le premier soir, derrière les barrières, avec le personnel de l'hôtel, aux côtés de l'accompagnateur. Partout ailleurs, ça ne l'est pas : dans la rue, les échoppes, la médina, les taxis – c'est écrit dans le Guide du routard : « Même dans les taxis, une femme seule doit faire attention. »

Je me demande si je ne suis pas manipulée. Jusqu'à quel point je ne suis pas en train de participer malgré moi à un système de la peur qui serait un prolongement de la colonisation. L'ancien colonisateur n'a plus à être ici. Il est sur un territoire devenu dangereux pour lui. Qui ne lui appartient plus. Et on le lui rappelle, à chaque occasion. Ce protectorat français sous lequel les Siciliens et autres populations européennes se plaçaient, ce système est inversé : les Occidentaux ne sont plus protégés ici mais en danger. La peur aujourd'hui est le prix à payer pour les crimes d'hier, les martyrs de Bizerte, mille morts parce que la France voulait maintenir sa présence sur ce petit bout de terre, le plus au nord du continent africain, en 1963.


Clyde Chabot

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