Sliman Amor

 

Sliman Amor était un des poètes de Djerba. Connu hors de son île, Radio Tunis l'engagea à faire quelques causeries. Son œuvre, quoique austère, est très variée. Il n'écrivit que quelques poèmes sur le thé, les femmes, la poésie, son infirmité physique, ses relations à Djerba, sa mésaventure avec des voleurs à Tunis, les modes vestimentaires, etc...

Actuellement, son fils, instituteur, recherche les œuvres paternelles qu'il a négligé de rassembler.



La poésie

Moi, la poésie, je la laisse jaillir de ma tête

et passe la nuit à la faire dévaler


Oui, arrête contremaître

Réputé dans la construction

Le mot qui rime est trouvé

Peu de gens en sont capables


Il peut la parfaire

La préciser d'un i, d'un a, d'un ou, voire d'une géminée

Alors il sera un poète à nul autre pareil

En son temps, en cette génération


La poésie exige de l'homme raison et éducation parfaite

Avec une balance d'or j'en fais l'expérience

Je l'équilibre sans erreur

C'est une balance sans défaut

Avec des sens et des sons

On y trouve complément d'objet et élision

Quiconque est attentif compose et décrit


Avec la voyelle i je me hâte

comme sur un bateau

Que je dirigerais dans le sens du vent

En toute rapidité et sans paresse


Au tournant j'accélère

Et ne laisse aucun mot incorrect

C'est un langage bien roulé et coulant de source

Que j'improvise rapidement avec précaution


J'abrège j'allonge

Rien pour moi n'est difficile

Aussitôt parti de Port Saïd

Je passe près du Nil


Toute l'étendue du fleuve

Je la traverse facilement

Si je suis pris à parti, c'est bon

Je pose des mines et allume des mèches



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