"Femmes de réconfort"

« Femmes de réconfort », c'est ainsi que l'on appelait les jeunes filles coréennes enrôlées de force par l'armée japonaise pour satisfaire les soldats. Voici le témoignage de Sooni :

J'avais quatorze ans... Dans notre travail, il n'y avait pas d'horaires. Soldats et officiers se succédaient à tout moment. Je devais en accueillir entre trente et quarante chaque jour. Le dimanche ils faisaient la queue dehors en caleçon. Certains, déjà nus, tiraient le rideau pour entrer alors que leur prédécesseur était en pleine action. Si la chose durait un peu, on entendait crier hayaku, hayaku ! (vite, vite!) Ceux qui devaient retourner au front se dépensaient avec l'énergie du désespoir, certains en pleurant. Un jour que j'étais dans l'incapacité de travailler à cause de la sanie qui s'écoulait de mon vagin, un officier m'a dit que si je ne pouvais pas travailler normalement, je pouvais quand même sucer. « Ca, lui ai-je dit, non, je ne peux pas : je préférais encore manger votre merde ! » Il m'a frappé sauvagement. J'ai perdu connaissance, et quand je suis revenue à moi, trois jours s'étaient écoulés.

Un jour, j'étais allée assister à un séminaire au foyer des anciennes « femmes de réconfort ». L'objectif était d'obtenir du Japon des excuses officielles ainsi qu'une indemnisation, et de faire connaître leurs revendications sur la scène internationale. A la fin de la séance, on nous a donné l'occasion d'entendre le témoignage de quelques-unes de ces grand-mères. L'une d'elles à dit :

  • Non ! (elle rejetait des demandes de réparation jugées trop modérés) ce ne sera jamais assez ! Q'uon nous amène plutôt des Japonnaises, qu'on les jette en pâture à nos jeunes !

Animosité, rancœur... Et je voyais dans ma tête le spectacle infernal où victimes et bourreaux s'entremêlaient.

Des participants au séminaire bavardaient dans la bonne humeur tout en mangeant du sashumi de cheval. Je leur demandai ce qu'ils pensaient des « femmes de réconfort ». Comme je m'y attendais, ils ont blêmi, puis avec un petit sourire /

  • Heu... historiquement parlant, rien n'a encore été éclairci. D'ailleurs la Corée du Nord n'a jamais non plus reconnu le rapt officiellement.

Ces Japonais de joyeuse compagnie qui m'avaient invitée au restaurant, avaient fait de moi une nationaliste et rien ne pouvait m'être plus désagréable.

Gong ji-yung

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