Poésie populaire et érotisme de Tunisie

 Cette poésie d'une grande crudité, à la limite du péché de langage, joue sur des mots à double sens. Le pèlerinage mentionné réfère à une coutume qui consiste à rendre visite à la mariée au lendemain des noces, à s'enquérir de la qualité de la nuit durant laquelle elle a rencontré son mari, chacune des femmes défile auprès du lit conjugal et embrasse le sexe de la mariée. Cet usage est encore vivant aujourd'hui en Tunisie. Puis on procède à un carnaval mêlant femmes et hommes déguisés et évoluant avec des gestes obscènes.

Qui donc n'a jamais vu une beauté au septième jour de ses noces

La taille bien prise dans une ceinture au bijou scellé

Celle qui porte ces atours

Semblant coquettement enfouis

Atours élaborés à travers un tissage raffiné

Sur le sol, sa démarche est hardie et délicate

C'est à peine si elle foule la terre de ses talons et orteils

En faisant balancer ses anneaux d'oreilles

Sa famille la retient

Elle est bien gardée

Tristesse et peur.

Une belle après ses noces

Le sexe souple, haut

Plein de sève

Entravé et orné de arqous

Et la ceinture en désordre

Ceinture aux couleurs multiples.

Elle ne se revêt de costumes admirables

Et ne porte que des vêtements de prix

C'est un seigneur se pavanant du haut de son palais

Fin prêt, ton... apostrophe brutalement

Avec espoir sa bien-aimée

Esclave d'Antar

Et les assoiffés sont obéissants.

Une beauté après son mariage

Je ne veux d'autre exploration que celle de ta beauté

Ton amour est fougueux

Pour quiconque est prêt à livrer sa tête

Et tes yeux, des balles de plomb

Contre malheur et crainte

Une beauté après le septième jour de ses noces

Deux années durant que je cherche à prendre langue avec la belle élancée

La gazelle blanche des déserts passe le printemps dans les vallées

En des lieux arides, lieux d'embuscade où sévit la faim

Une beauté après sa fête

Une fois mariée

C'est là que les rencontres deviendront difficiles

Ton tatouage est un acte notarié

Où il a inscrit sa propriété

Yeux de gazelle

Ton bas-ventre est effrayé

Ton bas-ventre est couvert

Ton amant appuie sur la gachette

Une balle en sort

Et déflore la belle à la taille haute

Aux avant-bras tatoués

Semblables aux colonnes de mosquée

Mosquée au vantail ouvert

C'est là que les pèlerins font des offrandes

Un sexe de belle taille qui décoche une première flèche

Et pleure de désir

Sur son plaisir interrompu

Al Mahjouri Ammar