Rosario Castellanos

Rosario Castellanos peut être considérée comme une des femmes qui ont le plus fait pour que, dans un pays comme le Mexique, soient combattus les préjugés sexistes et machistes. Elle s'est battue pour la cause des femmes qu'elle a liée avec le combat des indigènes.
S'il y a un fil conducteur dans tout ce que j'ai écrit, ce ne sont pas les hauts plateaux du Chiapas où se déroule l'action de mes romans, ni l'anticonformisme ou la rébellion d'un groupe contre ses oppresseurs, ni moins encore, ces mêmes oppresseurs enfermés dans leur prison de préjugés dont ils ne sont pas capables de sortir parce qu'en dehors de cela leur vie manque de substance et leurs actes de justification.
Non, l'unité de ces livres est constituée par la persistance de certaines figures : la fille déshéritée, l'adolescente enfermée, la célibataire vaincue, la femme mariée frustrée. Il n'y aurait rien d'autre ? A l'intérieur de ces modèles établis, si. La fuite, la folie, la mort. La différence entre le cours d'une vie et celui d'une autre vie est uniquement question de gradation. Parce que si nous considérons bien, les unes comme les autres alternatives ne sont pas à proprement parler le cours d'une vie, mais plutôt des formes de la mort.
L'Usage de la parole (1974)
Elle a complété sa vision avec ce poème 
Méditation sur le seuil de la porte

Non, non, ce n'est pas la solution
que de se jeter sous un train comme Anna Karénine
ni d'absorber de l'arsenic comme Madame Bovary
ni d'attendre dans le froid d'Avila la visite
de l'ange avec sa flèche
avant de mettre son manteau
et de commencer à agir.


Apprendre la géométrie en comptant
les poutres de sa cellule de punition
comme le fit Sor Juana. Ce n'est pas la solution.
Ni d'écrire pendant qu'arrivent les visites
dans le salon de la famille Austen,
ou de s'enfermer au dernier étage
d'une maison de la Nouvelle Angleterre
et rêver sur la Bible comme Emily Dickinson
sur son oreiller de célibataire.


Il doit y avoir une autre façon de faire
qui ne soit pas Sapho, ni Messaline, ni Marie l'Egyptienne,
ni Madeleine, ni Clémence Isaure.


Il y a forcément une autre façon d'être humain et libre.
Une autre façon d'être.

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